47.         La nef des pestiférés

 

Deux jours plus tard, je n'avais toujours pas trouvé le temps de parler au capitaine Léonard. Par deux fois, j'avais frappé à la porte de sa cabine. Par deux fois, un sbire m'avait refoulée en m'annonçant qu'il n'était pas là ou qu'il était trop occupé pour me recevoir.

M. Overholt faisait lui aussi son possible pour m'éviter, se retranchant dans sa cabine, porte verrouillée, avec un diffuseur de sauge séchée et d’hysope accroché autour du cou. Les premiers temps, les matelots assignés à mon service s'étaient montrés léthargiques et méfiants, mais à force de les harceler, de les menacer, de les asticoter du matin au soir et de taper du pied, je finis par les mettre en branle. Je me sentais plus chien de berger que médecin, grognant et montrant les dents à tout bout de champ. Toutefois, ma tactique commençait à faire effet. Je sentais un regain d'espoir naître parmi eux. Au moins, ils avaient l'impression de faire quelque chose au lieu d'attendre bêtement d'être emportés par la fatalité. Ce jour-là, nous avions eu quatre morts et dix nouveaux cas s'étaient déclarés. Les gémissements plaintifs des malades sur l'entrepont s'étaient atténués, mais le problème était loin d'être résolu : tant que je n'avais pas trouvé la source de la contagion, je ne pouvais espérer mettre un terme aux contaminations et interrompre ce jeu de massacre pendant qu'il y avait encore suffisamment de marins valides pour faire naviguer le Porpoise.

Après avoir passé l'équipage au crible, je découvris deux anciens bouilleurs de cru que la marine royale avait repêchés dans une prison de campagne, où ils étaient détenus pour avoir distillé clandestinement de l'alcool. Je les réquisitionnai d'office et leur fis construire un alambic de fortune dans lequel, sous les yeux horrifiés des matelots, la moitié des stocks de rhum du navire furent déversés afin d'être convertis en alcool pur pour la désinfection.

Mme Johansen, l'épouse du canonnier, se révéla une alliée inattendue. Elle baragouinait à peine l'anglais et je ne comprenais pas un traître mot de suédois, mais cette jeune femme intelligente d'une trentaine d'années comprit rapidement ce que j'attendais d'elle et s'exécuta sur-le-champ.

Si Elias était mon bras droit, Annekje Johansen devint vite mon bras gauche. Elle se chargeait personnellement de faire bouillir le lait de chèvre, dans lequel elle broyait patiemment les biscuits de ration, enlevant un à un les charançons, pour en faire une mixture pâteuse destinée aux hommes ayant encore un estomac capable de la digérer.

— M'dame, Ruthven vient de m'informer que quelqu'un a encore bu de l'alcool.

Elias venait de surgir près de moi, les traits tirés par la tension accumulée au cours des trois derniers jours.

Je lâchai un juron des plus grossiers qui le fit tressaillir.

— Désolée, m'excusai-je, je ne voulais pas offenser tes chastes oreilles.

— Oh, j'avais déjà entendu cette expression, m'assura-t-il, mais jamais dans la bouche d'une dame.

— Je ne suis pas une dame, Elias, lui rappelai-je, je suis un médecin. Envoie quelqu'un fouiller le navire. À  l'heure qu'il est, notre voleur est probablement inconscient quelque part.

— Je vais aller voir dans la réserve des cordages, annonça-t-il. C'est là qu'ils se cachent quand ils sont soûls.

C'était le quatrième incident de ce type en trois jours. Malgré les gardes postés devant l'alambic et les bonbonnes déjà distillées, les hommes qui avaient vu leur ration de grog diminuer de moitié souffraient d'un manque tel qu'ils redoublaient d'ingéniosité pour mettre la main sur l'alcool pur.

— Que voulez-vous, ma pauvre dame ! déclara le commissaire de bord lorsque je lui exposai le problème. Les marins boiraient n'importe quoi ! De l'eau-de-vie de prune avariée, des pêches écrasées au fond d'un soulier et laissées à macérer... j'en ai même vu qui volaient les vieux bandages à l'infirmerie et les faisaient tremper, dans l'espoir d’humer quelques vapeurs d'alcool. Ne vous faites pas d'illusions, madame, ce n'est pas parce que vous les préviendrez qu'ils risquent d'y laisser leur peau que cela les dissuadera.

Sur les quatre hommes qui avaient bu l'alcool, un était déjà mort, et deux autres gisaient à l'infirmerie dans un état comateux. S'ils survivaient, ils garderaient néanmoins de graves lésions cérébrales.

— Comme s'il ne suffisait pas que la moitié de l'équipage soit en train de mourir de la typhoïde, marmonnai-je, voilà que l'autre moitié tente de se suicider en buvant mon alcool !

Je fulminai quelques minutes, seule dans mon coin sur le pont. L'océan désert s'étendait à perte de vue. Quelque part, loin devant, se dressaient les Antilles, où le sort de Petit Ian allait bientôt se jouer. Derrière, tout aussi loin sans doute, se trouvaient l’Artémis et Jamie. Entre les deux, il y avait moi, plus six cents marins anglais imbibés d'alcool jusqu'au nombril ou en train d'agoniser, les intestins en flammes.

J'inspirai profondément puis me tournai d'un air résolu vers le pont avant. Peu m'importait si le capitaine Léonard était personnellement en train de pomper les cales, il allait me parler, que cela lui plaise ou non.

Il n'y avait personne dans la cabine quand j'entrai. Déçue, j'allais ressortir quand mon regard fut attiré par un épais carnet ouvert sur le secrétaire. Je m'approchai prudemment et constatai avec un petit pincement au cœur que c'était bien ce que je soupçonnais : le journal de bord du capitaine. Je retournai vers la porte et la fermai à clé. Si quelqu'un venait, j'en serais avertie à temps.

Je m'assis devant le secrétaire et me mis à feuilleter le cahier. Les rapports du capitaine Léonard étaient différents de ceux de ses prédécesseurs, et nettement plus brefs, ce qui n'avait rien d'étonnant compte tenu du nombre de tâches qu'il avait à accomplir. La plupart de ses observations étaient purement techniques, ne concernant que des détails de navigation, avec une brève mention du nom des marins morts depuis le dernier rapport. Je trouvai rapidement l'entrée relatant la rencontre avec l’Artémis :

3 février 1767. Avons croisé l’Artémis, un sloop naviguant sous drapeau français. L'avons accosté et avons demandé l'assistance de son médecin, C. Malcolm, désormais à bord pour s'occuper de nos malades.

«C. Malcolm» ? Il avait évité de préciser que j'étais une femme. Peut-être estimait-il que cela n'avait pas d'importance, à moins qu'il n'ait voulu éviter qu'on lui reproche sa manière d'agir. Je passai au jour suivant :

4 février 1767. Ai été informé par le marin Harry Tompkins que le subrécargue du sloop lL’Artémis est un certain James Fraser, également connu sous les noms de Jamie Roy ou d'Alexander Malcolm. Ce Fraser est un agitateur et un contrebandier notoire pour la capture duquel les Douanes de Sa Majesté offrent une récompense importante. Tompkins ne m'en ayant informé qu'après que nous eûmes pris congé de l’Artémis, je n'ai pas jugé bon de poursuivre le sloop, ayant reçu l'ordre de rejoindre la Jamaïque au plus tôt afin d'y débarquer notre passager. Toutefois, dans la mesure où j'ai promis de restituer le médecin de l’Artémis, C. Malcolm, à son capitaine, Fraser pourra être arrêté lors de cette prochaine rencontre.

Deux nouveaux morts de la maladie, qui, d'après le médecin, serait la fièvre typhoïde. Jno. Japsers, gabier, M.S. ; Harty Kepple, commis de cuisine, M.S.

Il n'y avait rien de plus. Le rapport du jour suivant se limitait exclusivement à des détails de navigation et à l'enregistrement du nom de six nouveaux morts, tous suivis des initiales «M.S.». Je me demandai ce qu'elles signifiaient mais ne pus poursuivre mes recherches plus avant.

Des pas approchaient dans la coursive et j'eus juste le temps de déverrouiller la porte avant que le commissaire de bord ne frappe. J'entendis à peine ce qu'il me disait, mon esprit étant trop occupé à tenter d'y voir clair dans cette nouvelle révélation.

Qui était ce maudit Tompkins ? Je n'avais jamais entendu parler de lui et, pourtant, il semblait en connaître long sur les activités de Jamie. Ce qui m'inspira aussitôt deux autres questions : comment un marin anglais était-il entré en possession de telles informations ? Qui d'autre que lui était au courant ?

— ... réduit encore les rations de grog... juste assez pour mettre de côté un autre fût de rhum... poursuivait M. Overholt. Les hommes ne vont guère apprécier, mais nous n'avons plus que deux semaines de voyage avant de toucher la côte jamaïcaine. Ils se feront une raison.

— Il le faudra bien, répondis-je brusquement. S'ils râlent encore, dites-leur que si je ne prends pas leur rhum, ils ne verront sans doute jamais la Jamaïque.

M. Overholt poussa un long soupir résigné et essuya son front perlé de sueur.

— Je leur dirai, madame, acquiesça-t-il en tournant les talons.

— Oh, monsieur Overholt ? le rappelai-je. Sauriez-vous ce que signifient les initiales « M. S. » ?

Une lueur amusée traversa son regard.

— Cela signifie «mort en service», madame. Le seul moyen pour nous de quitter une fois pour toutes la marine de Sa Majesté.

 

— Tompkins ? Ah oui, je vois qui c'est, déclara Elias. Il travaille sur le pont avant.

Il était heureusement trop épuisé pour s'étonner de mon intérêt soudain pour un homme que je ne connaissais ni d'Ève ni d'Adam.

— Tu ne saurais pas dans quel port il est monté à bord, par hasard ?

— Hmm... fit-il en fouillant sa mémoire. À  Spithead, je crois. Ah non ! c'était à Édimbourg. Je m'en souviens maintenant. Il a fait tout un tintouin quand ils l'ont mobilisé d'office. Il se prétendait intouchable parce qu'il travaillait pour les Douanes et qu'il était sous la protection de sir Percival Turner. Mais comme il n'avait aucun papier sur lui pour le prouver, il n'y a rien eu à faire, il s'est fait embarquer quand même.

Un douanier ! Voilà qui expliquait pas mal de choses.

Ce fut Tompkins qui me trouva le premier. Pendant les deux jours qui suivirent, le chaos à l'infirmerie fut tel que je n'eus pas une seconde à moi. Le troisième jour, il y eut un semblant d'accalmie et je me retirai dans ma cabine pour faire un brin de toilette et une courte sieste avant la cloche du déjeuner.

J'étais allongée sur ma couchette, un linge humide sur les yeux, quand des éclats de voix retentirent dans la coursive. On frappa plusieurs coups hésitants à ma porte et j'entendis une voix que je ne reconnaissais pas :

— Madame Malcolm ? Vous êtes là ? Il y a eu un accident.

J'ouvris la porte et découvris deux marins qui en soutenaient un troisième, lequel se tenait sur une jambe en grimaçant, le visage livide.

Il ne me fallut qu'un quart de seconde pour le reconnaître, même si je ne l'avais jamais vu auparavant. Un côté de son visage portait les vestiges blafards d'une brûlure au troisième degré et les tissus morts de sa paupière droite laissaient entrevoir le blanc laiteux d'un œil aveugle. Si j'avais eu besoin d'une autre confirmation qu'il s'agissait bien là du marin borgne que Petit Ian croyait avoir tué, il m'aurait suffi d'un regard vers sa longue chevelure grasse, à travers laquelle pointaient deux grandes oreilles diaphanes.

— Monsieur Tompkins ? dis-je avec assurance.

Il ouvrit grand son œil unique tandis que je faisais signe à ses deux camarades d'entrer.

— Asseyez-le là, leur demandai-je en indiquant un tabouret.

Ils se retirèrent aussitôt pour retourner à leur poste. La main-d'œuvre était trop rare en ce moment sur le vaisseau pour traînasser. Le cœur battant, je m'agenouillai devant le blessé pour examiner sa jambe.

Lui aussi, il savait qui j'étais. Je l'avais lu sur son visage en ouvrant la porte. Il était aussi tendu que moi. La plaie était spectaculaire, mais pas dramatique. Une profonde entaille parcourait le mollet. Il avait beaucoup saigné, mais aucune artère profonde n'avait été sectionnée. Je me redressai et allai chercher un flacon d'alcool.

— Comment est-ce arrivé, monsieur Tompkins ?

— Un éclat de bois, m'dame, répondit-il, méfiant. Un espar sur lequel j'étais monté a cédé sous mon poids.

— Je vois.

Tout en le surveillant du coin de l'œil, je rabattis le couvercle du coffre de mon prédécesseur, faisant mine de chercher un remède tout en me demandant comment lui tirer les vers du nez. Il se tenait sur ses gardes. Il était vain d'espérer gagner sa confiance en lui racontant des histoires.

J'eus une soudaine inspiration. Après avoir mentalement présenté mes excuses à Hippocrate, je sortis du coffre la vieille scie du précédent médecin de bord. C'était un redoutable engin d'une cinquantaine de centimètres de long, à la lame toute rouillée. Je la retournai entre mes mains quelques instants, songeuse, puis pressai délicatement le bord dentelé de la scie contre la jambe blessée, juste au-dessus du genou. J'adressai alors un regard charmant à mon patient terrifié :

— Monsieur Tompkins, parlons franchement... 

Une heure plus tard, le matelot Tompkins était couché dans son hamac, sa jambe recousue et bandée, un peu secoué certes, mais entier.

Comme il l'avait tonné à cor et à cri devant les officiers de la marine royale venus l'enrôler, Tompkins était effectivement un agent de sir Percival Turner. C'était en cette qualité qu'il arpentait nuit et jour les docks et les entrepôts de tous les ports marchands de l'estuaire de la Forth, de Culross à Donibristle, en passant par Restalrig et Musselburgh, glanant des informations et gardant son œil unique grand ouvert pour déceler tout soupçon d'activité illégale.

L'attitude des Écossais vis-à-vis des lois fiscales anglaises étant ce qu'elle était, il avait de quoi se mettre sous la dent. Toutefois, ses délations avaient des effets divers. Les petits contrebandiers qu'il surprenait en flagrant délit avec une ou deux bouteilles de rhum ou de whisky sur eux étaient généralement arrêtés, jugés et condamnés de façon expéditive. Les peines encourues allaient de quelques années de prison à la déportation aux colonies. La marchandise confisquée devenait automatiquement propriété de la Couronne.

En revanche, le sort des gros poissons dépendait entièrement du bon vouloir de sir Percival. Autrement dit, ils étaient autorisés à payer en pots-de-vin conséquents le privilège de poursuivre leurs activités illégales sous l'œil complaisant des agents du roi.

Toutefois, sir Percival était ambitieux. Après avoir reçu le titre de lord, il briguait une pairie que sa fortune personnelle à elle seule ne pouvait lui assurer. Pour cela, il lui fallait démontrer sa compétence et son dévouement à la Couronne par quelques spectaculaires coups d'éclat.

Aussi, lorsqu'il avait appris qu'il pouvait peut-être mettre la main sur un grand ennemi public, le vieillard avait bien failli en avaler d'excitation son dentier.

— Mais la sédition, c'est autrement plus difficile à démanteler qu'un réseau de contrebandiers ! m'expliqua Tompkins. Quand on attrape un petit poisson, y a pas moyen de lui faire cracher le nom de ses camarades. C'est qu'ils sont coriaces, les idéalistes ! Ils balancent jamais les gros poissons, ces crétins !

— Mais alors, vous ne saviez pas vraiment qui vous cherchiez ? demandai-je.

— Au début non, on ne savait pas qui tirait les ficelles. Jusqu'à ce qu'un des agents de sir Percival rencontre l'un des associés de Fraser. C'est lui qui nous a donné le bon tuyau pour remonter jusqu'à l'imprimerie. Il nous a révélé aussi sa véritable identité. Alors, bien sûr, tout est devenu plus clair.

— Qui était cet associé ? demandai-je.

Je revis en pensée les visages et les noms des six contrebandiers. Ce n'étaient que des petits poissons, pas des idéalistes.

— Je ne sais pas. Non, j'vous le jure, madame. C'est vrai, c'est vrai ! Aïe !

— Tenez-vous tranquille. Je n'essaie pas de vous faire mail, mais simplement de vous recoudre le mollet.

— J'vous jure que je dis la vérité ! Tout ce que je sais, c'est que c'est un Anglais.

J'interrompis un instant mes travaux de couture.

— Un Anglais ?

— Oui, m'dame. C'est ce qu'a dit sir Percival. J'achevai mon dernier point de suture puis lui tendis un verre d'eau-de-vie. Il l'accepta avec gratitude. Que ce soit par reconnaissance ou par simple soulagement d'en avoir fini, il me raconta sans rechigner le reste de l'histoire. Cherchant des preuves pour inculper Jamie de sédition, il s'était rendu à l'imprimerie de Carfax Close.

— Je sais déjà ce qui s'y est passé, lui annonçai-je avec un bref coup d'œil vers ses brûlures.

Du fait de ses blessures, Tompkins n'avait pas participé à l'embuscade de la crique d'Arbroath, mais il en avait entendu parler.

Sir Percival avait prévenu Jamie du piège qu'on voulait lui tendre, mais uniquement pour qu'il ne soupçonne pas son rôle dans l'affaire et qu'il évite de faire allusion à leurs petits arrangements financiers après son arrestation. De même grâce au mystérieux Anglais, sir Percival avait appris les détails du système de livraison convenu entre Jared et Jamie, et avait ordonné aux douaniers de se cacher sur la grève d'Arbroath.

— Mais alors, qui a tué le douanier sur la route de l'abbaye ? demandai-je.

Tompkins s'essuya les lèvres du dos de la main, semblant hésiter à en dire plus. Je pris la bouteille d'eau-de-vie et l'approchai de sa tasse.

— Vous êtes bien aimable, m'dame. Vous, au moins, vous avez une âme charitable. Une vraie chrétienne, je suis prêt à le répéter à qui veut l'entendre !

— Trêve de civilités ! rétorquai-je. Qui a tué cet homme ?

Il vida sa tasse puis, avec un soupir de satisfaction, se lécha les lèvres.

— Ce n'étaient pas les contrebandiers, m'dame. C'était son propre collègue. Il avait reçu des instructions.

Les instructions en question étaient d'attendre de voir si les contrebandiers parvenaient à échapper au piège tendu sur la plage puis, le cas échéant, d'étrangler le malheureux Oakie et de le pendre à une branche d'arbre.

— Mais pourquoi ? m'écriai-je. Quel était leur intérêt ?

— Mais vous ne comprenez donc pas ? s'étonna Tompkins comme si cela coulait de source. Nous n'avions rien pu saisir dans l'imprimerie qui prouve que Fraser soit un agitateur engagé dans des activités subversives. Maintenant que la boutique a brûlé, on peut tirer un trait dessus. En outre. Fraser n'a jamais été surpris en flagrant délit avec de la marchandise de contrebande. Un de nos agents croyait savoir où il cachait sa marchandise, mais il a disparu en novembre dernier et on n'a plus entendu parler de lui depuis. Fraser l'aura peut-être découvert et soudoyé pour qu'il disparaisse dans la nature.

— Je vois, dis-je, mal à l'aise.

Ce devait être l'homme que M. Willoughby avait abattu chez Mme Jeanne. Qu'était devenu ce fût de crème de menthe ?

— Sir Percival était fou de rage, poursuivit Tompkins, devenu intarissable. Il avait sous son nez un homme qui était le plus gros contrebandier de l'estuaire, l'auteur d'une longue série de tracts et d'articles prêchant la désobéissance civile qui circulaient dans toute la région, appelant la population à la rébellion, et un ancien traître jacobite dont le nom dans un procès ferait sensation d'un bout du royaume à l'autre... mais il n'avait pas l'ombre d'une preuve !

Je commençais à y voir plus clair. Le meurtre d'un officier des Douanes en service commandé permettrait non seulement de faire condamner d'office les contrebandiers à la peine capitale, mais en plus c'était là un crime odieux et gratuit qui consternerait l'opinion publique. La sympathie naturelle dont jouissaient les contrebandiers auprès de la population ne pourrait plus les protéger.

— Votre sir Percival m'a tout l'air d'une crapule de premier ordre.

— Pour ça, m'dame, opina Tompkins, c'est pas moi qui vais vous contredire.

Voyage
titlepage.xhtml
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_000.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_001.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_002.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_003.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_004.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_005.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_006.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_007.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_008.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_009.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_010.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_011.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_012.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_013.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_014.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_015.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_016.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_017.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_018.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_019.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_020.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_021.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_022.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_023.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_024.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_025.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_026.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_027.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_028.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_029.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_030.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_031.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_032.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_033.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_034.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_035.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_036.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_037.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_038.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_039.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_040.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_041.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_042.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_043.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_044.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_045.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_046.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_047.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_048.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_049.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_050.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_051.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_052.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_053.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_054.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_055.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_056.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_057.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_058.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_059.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_060.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_061.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_062.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_063.htm
Diana Gabaldon - Voyage (Le)_split_064.htm